Clément Baud, doctorant au laboratoire HP2 et SENS

Est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis Clément Baud, doctorant au laboratoire HP2 et SENS dans le cadre du financement du CDP Sport Perf Health. Je suis originaire de Haute-Savoie où j'ai grandi dans la campagne, près des montagnes. J'ai toujours fait du sport et passé du temps en pleine nature, ce qui m'a tout doucement amené à Grenoble pour faire des études en STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives). Cela fait donc maintenant sept ans que je suis à Grenoble et j’y serai encore pour les trois prochaines années, pour faire ma thèse.

Quel est ton parcours étudiant/professionnel ?

J’ai fait un baccalauréat ES (Économique et Social) puis j’ai choisi de poursuivre en Licence STAPS, car j'ai toujours fait du sport. Je n’avais pas vraiment d’idées de métiers futurs, mais cette formation me plaisait. J’ai étudié à Grenoble, puisque c'est mon académie de secteur, en commençant par une Licence 1 puis 2, spécialité Activités Physiques Adaptées et Santé (APAS). Cette même année, j’ai rencontré un doctorant en psychologie qui m'a proposé de faire un stage facultatif au laboratoire SENS pour l’accompagner sur ses expériences. J’ai ensuite poursuivi par une Licence 3 et un master 1 APAS.

Puis, arrive l’année du Covid, avec une pause forcée et une remise en question sur mon futur et les choix qui s’offraient à moi. Même si j'ai toujours fait beaucoup de sports en pleine nature depuis que j'étais arrivé à Grenoble, je pratiquais de plus en plus le trail et des sports d'endurances. Je me suis rendu compte que je n’avais plus forcément envie de faire de l’APAS, malgré mon attirance pour ce milieu, mais je voulais me diriger vers l'entraînement sportif et le coaching en montagne.

Après le Covid, j’ai repris mes études en Licence 3 entraînement sportif à l’Université Grenoble Alpes et en parallèle, cette même année, j'ai fait le DU (Diplôme Universitaire) trail-running à Grenoble et j'ai commencé mon cursus d'accompagnateur en moyenne montagne. J’ai donc validé ma Licence 3 EOPS (Entraînement et optimisation de la performance sportive) puis mon Master 2 EOPS avec un stage de fin d’étude en recherche, encadré par Clément Ginoux et Aïna Chalabaev. J’ai travaillé sur la thématique des déterminants psychologiques et physiologiques de la performance en trail, ainsi que sur des projets scientifiques liés à la course Ut4M (ultra trail des 4 Massifs).

J’avais pris la décision de pas continuer en thèse, mais l'opportunité du financement par le CDP Sport Perf Health est arrivée. Comme je connaissais le projet et les encadrants, j’ai finalement décidé de m’engager pour trois ans de thèse tout en continuant mes activités de coaching et de formation d'accompagnateur en moyenne montagne.

Je travaille donc beaucoup les week-ends et les soirs, mais dans le futur, je vais essayer de réduire mon activité de coaching, au moins pour les trois ans à venir.

Pourquoi avoir choisi d’étudier le sport ? Quel(s) sport(s) pratiquais-tu ou pratiques-tu ?

J’ai fait du football et tennis en club, en étant plus jeune. Venant de la montagne, j’allais aussi marcher en famille régulièrement, ce qui a été finalement mes premières sorties randonnées. Puis, une fois à Grenoble, en regardant le paysage, je voyais que je pouvais aller au sommet des montagnes en partant de chez moi et j’ai débuté de cette façon le trail. J’ai ensuite commencé à m’entraîner plus sérieusement et à participer à des compétitions.

Aujourd’hui, avec mes nombreuses activités (thèse, coach de trail-running et accompagnateur moyenne montagne), je fais une ou deux compétitions dans l’année, de 40 à 60 km.  

Quel est ton sujet de thèse ? Qui sont tes encadrants ? Quels sont tes objectifs et as-tu déjà des résultats ?

Ma thèse s’intitule « les déterminants psychologiques et physiologiques de la performance et de la santé en trail », encadrés par Stéphane Doutreleau (cardiologue) du laboratoire HP2 et par Clément Ginoux (maître de conférences en psychologie), du laboratoire SENS.

Il y a deux objectifs principaux permettant d’avoir une approche globale du trail :

1. Déterminer les facteurs psychologiques et physiologiques déterminants dans la performance en trail-running et les liens entre ces facteurs
2. Déterminer l’impact du trail-running sur la santé physiologique (cartilages, cœur…) et la santé mentale (épanouissement personnel, estime de soi)

 

Pour le côté physiologique, nous mesurons des variables telles que la fréquence cardiaque, la glycémie, et les échanges gazeux. Pour le côté psychologique, nous utilisons des questionnaires validés scientifiquement, pour mesurer les variables qui nous intéressent (estime de soi, perception de soi …).

Le laboratoire HP2 et le CDP Sport Perf Health collaborent avec une course qui s'appelle l’Ut4M, une course de trail avec de nombreux formats, dont des formats ultras. Depuis plusieurs années, cette course est le siège de ce qui s’appelle le labo Ut4M. Grâce à l’organisation de course et au travail des chercheurs chaque année, des études scientifiques sont menées sur différents formats de course, et cela, avec des mesures en amont, pendant et après la course.

Cette année par exemple, nous avons collaboré avec l’Ut4M pour recruter 36 coureurs inscrits sur le trail de 100 km et 160 km, par un appel à volontaires directement lors de l’inscription à la course, sur le site internet.

Notre axe principal d’étude était le lien entre facteurs psychologiques et physiologiques pendant la course. Dans un premier temps, nous avons mesuré des facteurs physiologiques (fréquence cardiaque maximale, ventilation maximale …) et psychologiques (personnalité, motivation à faire de l'activité physique, expérience en trail) au repos, avant la course. Durant la compétition, nous avons suivi les coureurs avec un capteur de glycémie, un capteur de fréquence cardiaque et nous les avons questionnés à plusieurs points précis de la course, sur leur perception d'effort, leur sensation de fatigue ainsi que leurs comportements alimentaires. Nous aimerions mettre en relation ces perceptions d'efforts, qui sont un ressenti de l'athlète, à des indicateurs plus bruts, comme la glycémie et de la fréquence cardiaque. L’objectif sera ensuite de comprendre les relations entre ces variables et comment elles s’influencent. De plus, cette année, nous nous intéresserons à la fatigue mentale avec une tâche cognitive (tâche de mémorisation et d’inhibition), faite avant la course, en condition de repos et directement à l’arrivée de la course.

 

Pourquoi avoir choisi de faire une thèse ?

Je suis de nature curieuse, j’ai envie de comprendre et d'explorer les sujets qui me passionnent. Comprendre le fonctionnement du trail, physiologiquement et psychologiquement, est très intéressant. De plus, je savais que j'étais encadré par une équipe humaine et que les conditions de travail seraient favorables à mon épanouissement professionnel et personnel.

Quels sont tes objectifs à long terme une fois tes études terminées ? Comment envisages-tu l’avenir ?

J'ai plusieurs possibilités. Je vais garder dans tous les cas mon activité de terrain (guide de moyenne montagne) et de coaching de trail-running. Je pourrais peut-être choisir d’en vivre et donc ne plus travailler dans la recherche. Je pense cependant que j’aimerais conserver un pied dans la recherche, en optant peut-être au début par des post-doctorats, ou de l’intervention dans des formations en lien avec la recherche dans le trail.

Un conseil pour les étudiants qui souhaiteraient s’engager dans la même voie ?

Pour les élèves qui sont encore au lycée, il faut savoir que STAPS, ce n’est pas que du sport. Nous étudions beaucoup de théorie en sciences (comme la physiologie, l'anatomie) mais également les sciences humaines (psychologie). C’est très complet et ça permet d’avoir une vision globale du monde du sport.

Concernant le milieu de la recherche, mon conseil serait de saisir les opportunités pour faire des stages facultatifs dans les laboratoires qui sont associés aux universités.